Petit patrimoine / Bief du moulin d'Alle - Alle

Description :

L’ensemble est formé d’un bief (canal de dérivation qui conduit les eaux d’un cours d’eau vers une machine hydraulique, Petit Robert, 2000) et, en amont, d’un barrage fait de grosses pierres placées dans la rivière.

Le barrage dévie une partie de la Semois vers le bief. Il alimentait autrefois le moulin à farine d'Alle (aujourd’hui disparu). A l’entrée du bief, une écluse (H : 4,50m; l : 2m) en fer, activée par une crémaillère manuelle, servait à réguler le niveau de l’eau selon les besoins.

Une anguillère (L: 10 m) part de la base de la vanne à gauche sous le niveau de l'eau en biais puis continue parallèlement au canal pour ressortir de l'autre côté de celui-ci. Elle est dallée en schiste et son ouverture mesure 50cm de large, 30cm de hauteur.

En aval, le bief est en partie couvert par un pont de 4m de large et comportant deux arches. Celles-ci sont de dimensions légèrement différentes (H : 1,50m; L : 2,35m - H : 1,20m - L : 2,55m). Elles sont séparées par un pilier de 1 mètre de large. Entre les deux arcades du pont se trouve une avancée en amont pour fendre le courant.

La partie en amont du pont et en aval de la vanne (L : 45m; l : 2m) est bordée de 2 murs de pierres sèches de différentes hauteurs, surmontés d'une tablette en béton.

Un tiers du mur - côté Semois (partie du milieu) - est constitué de grosses pierres qui ont été posées en oblique.

Dans cette partie, se trouvent trois escaliers en pierres : un, peut-être d'origine, en rive droite qui donne accès (via une pelouse privée de l'hôtel) à l'anguillère, un second d'origine ou refait également sur la même rive qui donne accès à la vanne, un troisième beaucoup plus récent en rive gauche.

La partie en aval du pont forme, quant à elle, une courbe. Elle est canalisée par des murs de pierres sèches (H : 1,76 à 4m; L : 18m).

La base des murs de pierres est recouverte de ciment sur une hauteur d'un mètre. Les murs sont surmontés de tablettes de pierres de taille, de dimensions et de formes différentes, cimentées.

Environnement :

Semois et hôtel le long de la rue principale. Prairie en bordure de Semois.

Etat de conservation :

Murs en péril à cause de la pousse de ligneux - il faut délierrer, démousser et enlever les ronces. La base des murs de pierres en aval du pont est assez abîmée.

Date de construction :

Le moulin d'Alle est déjà cité en 1466. Un recensement de l'époque française dit qu'il a été (re)bâti en 1796. (1)

Historique :

"Le barrage a été créé pour alimenter le moulin à farine qui date au moins des années 1466.

Il subit plusieurs modifications fin des années 1800. Les Petit y ont été meuniers après l'Indépendance de notre pays. Après quelques arrêts, il parvint entre les mains du meunier Edouard Libert qui y décéda en 1942. Le moulin et ses dépendances furent rachetés à sa veuve par Léon Henrard (1892-1964) qui - malgré une clause de non-démolition - le fit raser en 1951 et construisit plusieurs villas le long de la rive sur son emplacement." (1)

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"Les moulins de cette époque avaient souvent - moyennant une autorisation - une pêcherie à anguilles.

C'est sous le règne de Marie-Thérèse, impératrice d'Autriche (1717-1780 - mère de Joseph II) qu'une autorisation a été octroyée pour construire une pêcherie à anguilles. La pêche n'était possible que quelques mois par an avant que les anguilles ne redescendent vers la mer des Sargasses pour pondre.

Le barrage de pierres était renforcé par une haute palissade en bois (piquets placés tous les deux mètres entre lesquels étaient tressées des branches de charme ou de saule) pour que l'eau monte. On ouvrait cette palissade et les anguilles descendaient via l'anguillère (construction en pierres) et se faisaient prendre dans une sorte de panier posé à la sortie de l'anguillère.

L'anguillère a été abandonnée avant la Première Guerre.

Quand Monsieur Léon Henrard a racheté la propriété de l'ancien moulin (vers 1950), il a redemandé l'autorisation pour rouvrir la pêcherie à anguilles. Puis, à la démolition du moulin en 1951, c'est le canal avec une porte-vanne en fer (elle a remplacé la palissade en bois) qui a servi à attraper les anguilles". (2)

"Jusque fin des années 50, les deux parties du canal étaient en ligne droite. C'est pour pouvoir construire le pont routier vers 1958-1959 que la deuxième partie du canal a été déviée et refaite perpendiculairement". (2)

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"A l'Indépendance de la Belgique vers 1832, il y a un différend entre le meunier de Liboichant et un Français, un certain Gendarme (nom). Ce dernier transporte du bois par flottage sur la Semois pour alimenter les forges de Monthermé. Le meunier de l'époque se plaint des bois qui entrent dans le bief, démolissent l'entrée et viennent obstruer la roue. Des recommandations ont été faites mais pas de condamnation". (3)

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"Le vieux barrage de pierre et l'anguillère : en 1680, un barrage de pierres a été dressé en travers de la Semois pour la pêche à l'anguille en été suite à l'édit sur la pêche de 1623. Ce barrage de pierres était garni de fascines de bois qui se colmataient rapidement et qui canalisaient les eaux vers un sas de pierres de schiste taillées (l'anguillère), pratiquement intact actuellement. Ce sas est formé de pierres disposées alternativement horizontalement et verticalement qui n'ont pas bougé depuis 300 ans ! (4)

Références :

1 : BARBAZON Y. Cercle d'études historiques de Gedinne. Les roues hydrauliques du canton de Gedinne. Revue 11. Juin 2007 & PIGNOLET M., Terres d'Herbeumont à Orchimont. Cercle d'Histoire et de Folklore. Bulletin n°22, p. 96, 1996.
2 : Témoignage oral de Monsieur Fernand Halleux de Alle le 4/9/2019.
3 : BARBAZON Y. Mail du 9 novembre 2019. D'après des notes relevées aux Archives de Namur fin des années 1990.
4 : Annexe ND/GB/392/23/VRESSE-SUR-SEMOIS/9 à un courrier pour justifier une demande de classement de plusieurs endroits particulièrement intéressants qui mériteraient d'être conservés tels quels. Courrier daté du 15/3/1984 envoyé à Messieurs les Président et Membres de la CRMS à 1040 Bruxelles; signé par le Conseilller-adjoint ff P. RULH au nom du Ministre et pour l'Administrateur général.